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Bolivie

Le salar d'Uyuni

Samedi 9 juin 2007 - Premiers regards sur le salar d'Uyuni
Obrajes est un centre thermal à quelques kilomètres d'Oruro. À notre réveil, il est possible de se baigner dans la piscine en plein air remplie avec les eaux chaudes de la source. Le froid piquant régnant à l'extérieur et formant des volutes de vapeur sur la piscine m'en dissuadent.
Nous quittons les lieux vers 08h30 en direction de Huari. Nous nous arrêtons une heure à Oruro pour faire changer deux des roues de secours de nos véhicules, la seule fausse note dans cette organisation. La route finit par laisser la place à la piste, par endroit couverte de poussière sur plusieurs centimètres.
Aux alentours de midi, nous nous arrêtons à Quillacas, petite bourgade laissant une impression étrange. C'est comme si l'endroit était désert. Nous ne voyons quasiment aucun habitant. En fait, les hommes sont dans les champs à l'extérieur du village. Une jolie église blanche, de style colonial, se dresse sur la place principale.
Nous poursuivons notre périple sur la piste au milieu de nombreux troupeaux de lamas. On les croirait en liberté, il n'y a pas de clôture ici, mais ils appartiennent bien à quelqu'un comme l'indique le petit pompon de laine attaché à leurs oreilles. Chaque propriétaire a ses propres couleurs et peut ainsi reconnaître ses bêtes.
En milieu d'après-midi, nous nous arrêtons à Jayu Quta. Devant nous un immense cratère de météorite s'offre à nos yeux. Il doit faire un bon kilomètre de diamètre et ses flancs sont cultivés. Au fond scintille un petit lac. L'endroit est réellement impressionnant. Autour de nous, il y a toujours ce paysage assez désertique, de la roche, quelques arbustes d'une vingtaine de centimètres de haut, mais bientôt cela va changer.
Nous reprenons la route et roulons rapidement sur un début de salar. Il s'agit d'une vaste étendue plane de terre battue mêlée à du sel. Sur notre droite, une chaîne volcanique s'élève peu à peu pour culminer avec le Tunupa. Nous quittons alors le salar pour nous élever jusqu'à un col où se dévoile, au loin, pour la première fois le salar d'Uyuni. C'est un choc visuel. Une immense surface totalement plate, blanche comme de la neige alors qu'il s'agit de sel, à des kilomètres à la ronde.
Après avoir descendu ce col, c'est à nouveau ce paysage semi-désertique où paissent quelques vigognes. Plus petites et plus graciles que les lamas, ces animaux sont sauvages et craintifs. On ne les élève pas en captivité, mais on les attrape de temps en temps pour récupérer leur laine considérée comme l'une des plus précieuses du monde.
Nous traversons quelques villages où les chiens, en liberté comme un peu partout en Bolivie, sont un peu plus agressifs qu'ailleurs, certains courant même après nos 4x4, puis nous arrivons à notre lodge à Jirira, petit village niché au bord du salar d'Uyuni et au pied du volcan Tunupa.
Dimanche 10 juin 2007 - Belvédère du Tunupa
Après le petit-déjeuner, nos 4x4 nous montent à 3850 mètres d'altitude environ, jusqu'au départ de notre randonnée ayant pour objectif principal le belvédère du Tunupa.
Nous nous mettons en route vers 08h15. Le sentier, non balisé, est relativement facile à trouver car il est bien marqué et ponctué assez régulièrement de cairns. Nous cheminons au milieu d'une végétation rase, de ces petits arbustes d'une vingtaine de centimètres de haut déjà aperçus la veille. Au fur et à mesure que nous nous élevons, elle se fait plus rare et finit par laisser place à des lichens et aux llaretas, sorte de mousse d'un vert éclatant qui colonise les pierres. Derrière nous, le salar d'Uyuni étend à perte de vue ses 12000 km² de sel, tandis que face à nous la caldeira du Tunupa se dévoile peu à peu. Volcan Tunupa
Volcan Tunupa
Avec Pierre, nous parvenons au belvédère du Tunupa une heure et quarante-cinq minutes après être partis, ayant marché d'un bon pas. L'endroit, marqué par cinq gros cairns que nous avions en vue depuis un bon moment, est à 4600 mètres. De là, la vue sur les flancs du Tunupa est extraordinaire. Ce mélange de couleurs, le jaune vif du soufre, l'ocre et le brun de la roche volcanique, le tout mêlé à de vagues traînées blanchâtres, est un véritable régal pour les yeux.
Nous empruntons alors la crête en direction du volcan. Le chemin n'est pas marqué, nous en improvisons donc un, et par endroits il nous faut mettre les mains. Parvenus à une sorte de col après être remontés sur une sorte de moraine volcanique, nous choisissons de poursuivre notre ascension vers le volcan.
La pente s'élève franchement, le terrain devient difficile, une sorte de sable volcanique grossier dans lequel nos chaussures s'enfoncent et qui nous donne l'impression de reculer à chaque pas. Après nous être concertés, nous décidons de nous fixer comme objectif deux gros rochers plantés un peu plus haut. Nous les atteignons au terme d'un dernier effort. Nous sommes environ à 4900 mètres d'altitude. La descente se fait rapidement et sans problème. Nous nous arrêtons pour manger et le reste du groupe finit par nous rejoindre.
D'un commun accord, nous décidons de faire l'ascension d'un petit sommet face à nous. Nous ne connaîtrons jamais son nom, mais son aspect est très particulier. Il est en effet littéralement couvert, de la base au sommet, d'énormes blocs de roche noire de deux à trois mètres de diamètre, enchevêtrés les uns sur les autres. La montée se révèle un peu éprouvante physiquement mais terriblement ludique ! Parvenus au sommet, à 4750 mètres environ, après 130 mètres de dénivelé, nous avons une superbe vue sur le salar d'Uyuni, en partie inondé sur la gauche.
Il est maintenant l'heure de rejoindre notre lodge à Jirira, que nous devinons neuf-cent mètres plus bas. La descente au milieu des gros blocs de pierre nécessite une certaine attention, certains se révélant plutôt instables, mais n'est guère dangereuse. Nous poursuivons ensuite notre chemin au milieu de la même végétation rase qu'à l'aller. Après avoir contourné une falaise volcanique, nous retrouvons le sentier emprunté le matin même. La fin de la descente, en particulier la partie faite en 4x4 à l'aller, se révèle assez éprouvante car le chemin est couvert de petites pierres qui se dérobent sous le pied.
Nous atteignons Jirira en milieu d'après-midi, fatigués par ces sept heures de randonnée, mais les yeux encore emplis de ces superbes images.
Lundi 11 juin 2007 - Découverte du salar d'Uyuni
Nous traversons le salar d'Uyuni en 4x4. L'entrée sur le désert de sel ne peut se faire qu'à certains endroits bien définis évoquant des quais. Les rives du salar ont en effet tendance à être relativement meubles, propices à l'embourbement, et des voies d'accès ont été spécialement créées.
Situé à 3653 mètres d'altitude, le salar d'Uyuni est la plus grande réserve de sel au monde, avec ses 12106 km² et ses dix milliards de tonnes de sel sur une épaisseur variant de dix à presque cent mètres. Il est exploité à quelques endroits, notamment à Colchani, près de la ville d'Uyuni, mais son sous-sol recèle également des métaux précieux, tels que le lithium, découverts il y a peu de temps. Ile Lomo Pescado
Ile Lomo Pescado
Nous nous arrêtons sur l'île Lomo Pescado. Il s'agit d'une colline rocheuse couverte de cactus Trichoreus hauts de plusieurs mètres. Nous disposons d'une petite demi-heure pour nous promener à notre guise parmi ces curiosités de la nature ou pour marcher sur la croûte de sel, puis nous reprenons nos véhicules qui nous déposent à cinq kilomètres environ de l'île Incahuasi. Nous parcourons la distance à pied, marchant sur plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur de sel. Par endroits, cette surface plane est percée de trous gorgés d'eau où se forment des cristaux de sel. Très durs, leurs formes évoquent celles des cristaux de roche. La surface immaculée du salar est sillonnée de motifs géométriques, de sortes de grands hexagones d'un ou deux millimètres d'épaisseur.
Nous finissons par arriver à l'île Incahuasi, également nommée Isla de los Pescadores, que nous visitons. L'endroit est aménagé, un circuit balisé permettant de parcourir l'île où se dressent de grands cactus au milieu d'un sol formé de corail mort et fossilisé, vestiges d'une ancienne grande mer intérieure. Les cactus poussent en moyenne d'un centimètre par an. Le plus grand de l'île mesure douze mètres, ce qui lui donne un âge approximatif de mille deux cents ans.
Nous retrouvons nos véhicules au pied de l'île pour un copieux et délicieux déjeuner. Nos cuisinières sont vraiment expertes pour nous concocter de bons repas dans des conditions pas toujours faciles.
Après avoir achevé la traversée du salar, les 4x4 s'engagent sur une piste. Nous visitons la petite grotte Las Galaxias découverte en 2003. À l'intérieur, deux salles dévoilent d'étranges concrétions en dentelles.
En fin d'après-midi, après avoir croisé de nombreux lamas, alpagas et vigognes, nous parvenons enfin à San Juan où nous nous installons dans au lodge Licancahur. En nous promenant dans la petite ville, nous voyons arriver deux cyclistes autrichiens croisés en cours de route. Partis de l'île Incahuasi le matin, ils passeront eux aussi la nuit à San Juan.

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