Nous aurions pu tracer à vélo de Nevers à Bourges en passant par les routes de campagne, en dehors de tout itinéraire balisé, mais cela aurait ajouté une journée supplémentaire et notre planning était serré. C'est pour cela que nous rejoignons la gare de Nevers à quelques centaines de mètres de l'hôtel pour prendre le train à destination de Bourges en début de matinée. Nous avons l'impression d'être les seuls passagers, au moins nous n'avons eu aucun problème pour faire entrer nos vélos dans le TER. Quanrante minutes plus tard, nous voici dans la cité de Jacques Coeur, l'argentier du roi Charles VII. Nous passons rapidement à vélo dans les rues de la petite ville, faisant quelques haltes plus prolongées à la cathédrale et devant le palais. En quelques coups de pédales, nous rejoignons les rives du canal de Berry que nous allons suivre une bonne partie de la journée. Le parcours est agréable, à l'ombre de gros platanes. Aucun bateau ne circule sur le canal abandonné, lentement envahi par la vase, les nénuphars et la jussie.
Le soleil est de la partie et la chaleur se fait bien sentir lorsque nous atteignons Mehun-sur-Yèvre, une jolie cité avec un château en ruine et une fête médiévale à son pied. Nous nous y ravitaillons pour pique-niquer à l'ombre dans le parc voisin. Repartir est un peu dur car il fait vraiment chaud, pas loin de 34°C. Rapidement, deux arbres couchés sur la piste cyclable longeant le canal nous obligent à mettre pied à terre pour franchir l'obstacle. Ce sont les stigmates d'un violent orage survenu trois semaines auparavant. Déjà dans la matinée, nous avions vu de nombreux arbres cassés, leurs branches arrachées. Plus loin, nous devons rebrousser chemin. Ce sont pas moins de cinq ou six gros arbres qui se sont abattus sur la piste, la rendant totalement infranchissable. Le détour par la route n'est heureusement pas très long et nous retrouvons facilement le bord du canal.
Vierzon est vite laissé de côté. Il fait chaud, presque orageux, et Nathalie a du mal à supporter cette chaleur. Nous filons sous le cagnard jusqu'à Thénioux où s'arrête la piste cyclable. Ce parcours est en effet en cours d'aménagement en cet été 2023. Les engins de chantier et les barrières obstruent les berges du canal à partir de Châtre-sur-Cher, nous obligeant à emprunter la route.
Nous atteignons bientôt Mennetou-sur-Cher, charmante cité médiévale, où se tient une autre fête dédiée aux chevaliers. Il y a du monde dans les rues en ce week-end.
Une boisson fraîche avalée, nous repartons sous un soleil de plomb, tirant jusqu'à l'entrée de Villefranche-sur-Cher avant de rejoindre Saint-Julien, sur l'autre rive de la rivière. Notre chambre d'hôtes est là, dans un cadre de verdure reposant et apportant un peu de fraîcheur.

Le ciel est bien menaçant lorsque nous reprenons la route. Cela ne va pas en s'arrangeant et une forte averse nous cueille à l'entrée de Gièvres, nous contraignant à trouver refuge quelques instants sous le porche de l'église.
Nous roulons sur de petites routes peu fréquentées dans un environnement verdoyant. À Selles-sur-Cher, un supermarché ouvert le dimanche nous permet de nous ravitailler en prévision du pique-nique du midi. À la sortie de la petite ville, un pont de chemin de fer nous offre un abri bienvenu pour échapper à une nouvelle forte averse.
Nous reprenons la route et une pancarte nous invite à bifurquer sur la gauche pour emprunter une forte descente et voir le pont-canal de Berry. Là aussi, il est prévu d'aménager l'ancien chemin de halage en piste cyclable mais, pour le moment, il n'est pas vraiment empruntable. Une fois la pente à 15% gravie, nous poursuivons par la route et, après Châtillon-sur-Cher, nous empruntons la route des vins. Des vignes s'étendent sur les collines de part et d'autre de notre route. Nous sommes là au coeur de l'appellation AOC Touraine.
Nous faisons un détour par Saint-Aignan-sur-Cher, sur l'autre rive du Cher, un joli village dominé par un imposant château. C'est face à ce panorama, sur une île au milieu de la rivière, que nous pique-niquons avant de repartir, longeant toujours plus ou moins le Cher. Des habitations troglodytes dans les côteaux de tuffeau du côté de Bourré jalonnent notre parcours avant l'arrivée à Montrichard, une cité dominée par un donjon en rénovation.
Nous traçons la route le long du Cher sur une belle piste cyclable jusqu'à Chisseaux où nous traversons la rivière par un pont pour atteindre le camping où nous avons loué... une caravane. Après avoir regardé l'arrivée de l'étape du Puy-de-Dôme du Tour de France en mangeant une glace, nous reprenons nos vélos pour une balade le long du Cher jusqu'à Bleré avec une halte pour admirer le magnifique château de Chenonceau.

Nous repassons sur la rive droite du Cher pour rejoindre Chenonceaux (le village prend un "x" à la fin, pas le château) pour ensuite rejoindre Bléré par un morceau de la piste cyclable que nous avions empruntée hier soir.
Direction ensuite Dierre. La route s'élève un peu pour se hisser sur un côteau entre Cher et Loire où la vigne est reine avant de laisser place à la forêt. Les multiples sentiers rectilignes qui la sillonnent sont barrés de pancartes "Propriété privée", comme celui menant à la pagode de Chanteloup, une étrange construction évoquant un clocher semblant sorti de nulle part. Pour aller y jeter un coup d'oeil, nous faisons un détour... dispensable : une boucle pour se trouver face à une grille fermée et un retour par un chemin scabreux pour se retrouver là où nous étions vingt minutes plus tôt. Nous empruntons alors tout de même le sentier privé pour enfin avoir un aperçu lointain sur la pagode. Amboise est juste à côté et nous y rattrapons le tracé officiel de la Loire à Vélo. Une bonne côte pour s'élever au niveau du château et nous voici à pédaler sur les hauteurs avant de redescendre sur les bords du fleuve au niveau de Marnes. Nous croisons de nouveau énormément de gens à vélo, souvent lourdement chargés. Encore un petit effort et nous voici à Chaumont-sur-Loire où nous retrouvons notre voiture. Clap de fin de ce joli périple d'un peu moins de six cents kilomètres !