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Jordanie

Dans le désert du Wadi Rum

Dimanche 28 avril 2019
Nous quittons Wadi Musa en bus sur les coups de 8h30. La Route des Rois s'élève jusqu'à un plateau d'altitude ponctué d'éoliennes à l'arrêt avant de rejoindre la principale artère venant d'Aqaba et montant vers le nord. Le paysage, intéressant jusque-là, est plus monotone.
À l'approche du centre des visiteurs du Wadi Rum, nous longeons la voie ferrée construite par les Turcs et les Allemands au début du siècle. Depuis le centre, nous avons une belle vue sur les Sept Piliers de la Sagesse, la montagne qui a donné son nom à l'ouvrage de Lawrence d'Arabie. Les Sept Piliers de la Sagesse, aux portes du Wadi Rum
Les Sept Piliers de la Sagesse, aux portes du Wadi Rum
Malheureusement, le matin, le lieu est à contre-jour, ce qui ne favorise pas les photos. Pas grave, ça vaut quand même le coup d'oeil.
Après le repas pris au village de Wadi Rum, point d'entrée dans le désert mais aussi de nombreuses excursions en 4x4, nous changeons de véhicule, montant justement dans des tout-terrains qui nous conduisent au milieu du désert jusqu'au point de départ de notre courte randonnée du jour. Notre objectif ? L'arche de Burdah. La distance est courte, à peine trois kilomètres aller-retour, mais l'ascension est un peu technique. Nous passons à plusieurs reprises le long de vires nécessitant de mettre les mains sur les parois. C'est toujours très ludique, d'autant plus que la semelle des chaussures adhère bien sur cette roche abrasive, du grès. Le Wadi Rum se dévoile en montant vers l'arche de Burdah
Le Wadi Rum se dévoile en montant vers l'arche de Burdah
En cours d'ascension, plusieurs points de vue permettent d'admirer le Wadi Rum et d'apprécier l'incroyable silence qui règne en ces lieux.
Encore quelques efforts et nous avons une très belle vue sur l'arche enjambant deux gros blocs de roche. L'accès sur l'arche est délicat, déconseillé d'ailleurs, avec un passage au-dessus du vide. Certains le tentent, je préfère m'abstenir. L'arche de Burdah
L'arche de Burdah
Lors de la descente tout aussi technique et amusante que la montée, la vue sur le désert du Wadi Rum est encore plus belle. Le soleil a poursuivi sa progression, marquant plus nettement les reliefs d'ombre. Plus bas, un gros lézard nous occupe quelques instants. Vif, il cherche à se nourrir des papillons butinant les rares fleurs poussant dans la roche. Lézard du Wadi Rum
Lézard du Wadi Rum
Notre campement se situe à quelques centaines de mètres du point de départ de notre randonnée du jour. Nous allons passer notre première nuit dans le désert.
Lundi 29 avril 2019
Au lever, une douzaine de dromadaires en liberté occupent la petite dépression d'où nous avons pris le départ de notre randonnée d'hier. Je m'approche pour en faire quelques photos avant de partir explorer les alentours. Visite matinale de nos voisins les dromadaires
Visite matinale de nos voisins les dromadaires
L'horizon lointain est occupé par les montagnes de grès formant comme une large muraille infranchissable, le tout sous un silence réellement impressionnant. Sensation de se trouver seul au monde... Seul au monde dans le Wadi Rum ?
Seul au monde dans le Wadi Rum ?
Aujourd'hui, nous cheminons dans de vastes espaces de sable jaune parsemés d'arbustes et de quelques herbes rases. Spectacle étonnant que ce désert aux teintes légèrement vertes dues aux nappes phréatiques se trouvant sous le Wadi Rum.
Toujours ces montagnes de grès s'élevant dans ces plaines de sable, leur donnant du relief. À l'horizon, une sorte de brume, sans doute constituée de poussière et de sable mêlés, estompe rapidement les contours de ces montagnes. Dommage, cela ne permet pas d'apprécier la beauté du paysage à sa juste valeur. Autre déception : il n'est pas possible de parcourir quatre cents mètres sans tomber sur des traces de véhicule. Il faut dire que des dizaines de 4x4 sillonnent le désert, promenant des touristes d'un point d'intérêt à l'autre. Corollaire de ce tourisme de masse : le désert est sale. C'est triste à dire mais les boîtes de conserve noircies par le soleil, les sacs plastiques et autres emballages jonchent régulièrement le sable et s'accrochent aux arbustes telles de tristes décorations de Noël. Ceci dit, cette pollution est principalement due aux bédouins vivants dans ce désert, bien plus qu'aux touristes : les abords de leurs campements ressemblent parfois à des dépotoirs. Bien entendu j'avais déjà entendu parler du problème de la pollution par le plastique, mais chez nous en France, hormis sur les plages les lendemains de tempête, cela paraît relativement lointain et diffus. Ici, au coeur de ce désert, je prends vraiment conscience de l'énorme problème posé par les plastiques sous toutes leurs formes.
Revenons notre randonnée : le passage dans une gorge nous oblige à quelques mouvements de petite escalade, ou plutôt de désescalade, toujours en sécurité avec l'aide de notre guide. Ceci est relativement amusant. Parfois, l'assistant du guide part devant, à la recherche du passage le plus aisé dans ce qui ressemble beaucoup à un labyrinthe minéral. Dans les gorges du Wadi Rum
Dans les gorges du Wadi Rum
L'arrivée à l'arche d'Umm Fruth illustre ce que j'écrivais un peu plus tôt : le site est très joli mais les parkings pour les 4x4 (jusqu'à sept y seront garés le temps de notre passage) et le salon de thé, certes aménagé sous une tente de bédouins, gâche un peu le cadre. Exploitation touristique au maximum... L'arche d'Umm Fruth
L'arche d'Umm Fruth
L'accès au sommet de l'arche est relativement aisé. Quelques pas sur une pente assez raide, de la roche qui accroche bien sous la semelle, et nous voilà à traverser la large langue de grès surplombant le vide.
Nous poursuivons notre randonnée jusqu'à un gros bloc de roche qui nous offrira un peu d'ombre le temps du pique-nique. L'horizon est toujours occupé par cette brume qui atténue même les couleurs des montagnes à quelques centaines de mètres devant nous.
Nous repartons sous une chaleur d'environ 35 degrés. L'air est sec, ce qui la rend plus facile à supporter. Les montagnes de grès semblent avoir fondu sous le soleil. Des coulées ocres, figées, dégoulinant des sommets m'évoquent le nappage au chocolat sur un gâteau !
Au détour d'un passage un peu plus étroit entre les parois ocres, plusieurs fleurs émergent du sable, des cistanches. Ce désert est décidément étonnant... Cistanche, une fleur du désert
Cistanche, une fleur du désert
Juste après, un nouveau passage un peu aérien nous oblige à mettre les mains, une simple formalité dorénavant.
Alors que nous cheminons vers notre campement situé au pied d'une falaise, quelques filets de nuages font leur apparition dans le ciel. Au moment où j'écris ces quelques lignes, j'aperçois par la porte ouverte de la tente un léger voile blanc et quelques moutonnements nuageux en direction du sud. Bivouac sous les étoiles
Bivouac sous les étoiles
En cours de nuit, un besoin pressant me pousse à sortir de la tente. Je suis émerveillé par le ciel dégagé constellé de milliers d'étoiles avec la voie lactée en point d'orgue.
Mardi 30 avril 2019
Ce matin, longue marche d'approche pour atteindre le djebel Umm Adaami, le point culminant de la Jordanie. Direction plein sud avec toujours ce sable blond sous nos pieds et ces arbustes qui ponctuent le paysage.
À la faveur d'un défilé descendant, nous croisons plusieurs dromadaires avant de déboucher sur une vaste plaine de sable bordée de barrières rocheuses. Dromadaire en ombre chinoise
Dromadaire en ombre chinoise
En son centre serpente un oued asséché. Au loin, nous devinons des troupeaux de moutons et de dromadaires. Plusieurs camps bédouins occupent ces confins du Wadi Rum.
Petite erreur de compréhension : nos véhicules d'assistance ne sont pas à l'endroit attendu pour le ravitaillement. Il nous faut gagner une vallée perpendiculaire pour les retrouver. Mine de rien, avec ce détour, nous avons couvert dix-sept kilomètres dans la matinée. Vue sur le djebel Umm Adaami depuis notre campement
Vue sur le djebel Umm Adaami depuis notre campement
Après une pause pour manger, nous partons à l'assaut du sommet. Le début de l'ascension présente quelques passages nécessitant de mettre les mains avant de devenir un sentier plus ou moins marqué, jalonné de quelques cairns. Nous prenons rapidement de la hauteur. Dans la montée vers le djebel Umm Adaami...
Dans la montée vers le djebel Umm Adaami...
Le paysage prend de plus en plus d'ampleur avec de vastes espaces vides ponctués de montagnes.
Un dernier coup de collier et nous atteignons le drapeau jordanien qui marque le sommet couvert d'un chaos de gros rochers. La vue à 360° vaut vraiment le coup, même si l'habituel voile atmosphérique qui ne nous aura pas quitté de la journée, et même de tout notre séjour dans le Wadi Rum, estompe l'horizon vers le sud. À quelques hectomètres, c'est l'Arabie Saoudite.
Nous descendons par le même chemin, gagnant notre camp, basé à mille quatre cents mètres d'altitude, à l'endroit où nous avons mangé à midi. Aujourd'hui, nous aurons couvert vingt-deux kilomètres.

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